Contemporain (comment je me suis disputé)

Gerhard Richter, Liseuse, 1994

F. Portrait not dead :
– rétrospective Diane Arbus à Paris,
– une peinture post vermeerienne de Richter, l’autre jour dans Libé,
– une expo de Claudine Doury dans le xxe, évoquée dans le Télérama de la semaine.

É. Merci, j’avais lu tout ça (sauf Télérama), et je ne change pas (trop) d'avis ; j’ai eu une discussion à Lyon avec un commissaire d’exposition sur le sujet, et il m’a dit qu’une expo en préparation répond a cette question : Qu’exprime un visage ? Rien.

Claudine Doury, Malika, 2004

F. « Répond » ? Tsss. Au mieux, et à la rigueur : une expo en préparation s’intéresse à la question, pose la question, tourne autour de la question, évoque la question, mais certainement pas répond à la question...

É. Oui – mais le commissaire exprimait (à moi, ainsi) son point de vue (qu’il me semble impossible de ne pas partager) : un visage, tel un galet, ne dit rien.

F. C’est bien ce que je pensais : lieu commun de l’art contemporain, qui est juste une foutaise parmi d’autres...

É. Ah, comme il est agréable de lire des propos argumentés ! Et cette détestation de l’art contemporain par les imbéciles est un pur délice !

F. Je ne déteste pas l’art contemporain ; je déteste les foutaises de l’art contemporain (qui sont nombreuses, c’est vrai). Nuance. Cela dit, à insulte (que je pratique peu volontiers), insulte et demie : et je t’emmerde !

Je me demande quand même, pour ma part, si la suffisance des infatués faisant usage de prétendus arguments d’autorité, qui ne sont en réalité que de purs effets de mode, est plutôt cocasse ou bien juste affligeante... Mais ça suffit comme ça : mon truc sur le portrait, c’était juste du réchauffé, pour cause d’actualité.

L’imbécile, donc, t’emmerde, et te laisse ruminer en pleine immanence transcendantale...

Diane Arbus, Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York, 1962

Voir aussi

Pour nourrir ce dialogue brut(-al), voici enfin en annexe deux propos, à la marge ou a contrario : celui de Raphaël Enthoven dans sa chronique du jour[1], et celui de Jacques Rancière au Journal de la philosophie.

Note

[1] La « baignoire » dont il est question dans la dépèche – mal traduite – qu’évoque Raphaël Enthoven est en réalité une bassine dont le fond était recouvert de taches de calcaire (Kalkfleck), une bassine souillée par l’eau sale des gouttes qui donnent son titre à l’œuvre. Voir notamment la billet de ce blog du Washington Post.