Par F. le 19 novembre 2009, 12 h
Je suis un enfant des « mathématiques modernes ». Quand je suis
entré en sixième — c’était l’année scolaire 1969-1970 — la théorie des
ensembles était enseignée, je crois pour la première fois, aux jeunes
collégiens français dont j’étais. J’ai aimé cet enseignement formel, rigoureux,
exigeant, mais aussi réellement excitant, au-delà de ce je saurais expliquer
aujourd’hui. Il y a bien longtemps que je ne vaux plus grand chose en maths
(les mathématiques supportent très mal une interruption prolongée de leur
pratique régulière), mais il me reste le souvenir des joies vives qui ont
accompagné mon adolescence et ma jeunesse, jusqu’aux classes de mathématiques
supérieures et spéciales, et qui ont assurément contribué à faire de moi ce que
je suis, à forger mon « identité » intellectuelle... Il y a longtemps
qu’on n’enseigne plus la théorie des ensembles aux collégiens comme on le
faisait au début des années 1970. On peut dire tout ce que l’on veut, que
c’était trop théorique, trop difficile, trop désincarné. Je continue de le
regretter. Adolescent, j’ai trouvé cela formidable. J’aimais comment chaque
nouveau concept présenté, enseigné, complétait harmonieusement ceux que l’on
connaissait déjà, comment progressivement s’ouvrait l’étendue des horizons
mathématiques. C’était le monde offert.